Système mécanique unique, le changeur de filtres a nécessité l’expertise de plus d’une trentaine de personnes issues de plusieurs corps de métiers (électroniciens, mécaniciens, instrumentalistes, développeurs informatiques, etc.) pendant plus de dix ans. Lundi 22 novembre à 16h30, ils seront douze à recevoir un Cristal collectif CNRS pour cette belle réalisation.
Le changeur de filtres de la caméra LSST est le fruit de la collaboration de cinq laboratoires de l’Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3) du CNRS. Composé de trois sous-systèmes construits par les équipes du Centre de Physique des Particules de Marseille (CPPM), du Laboratoire de Physique Subatomique et Cosmologie (LPSC) de Grenoble et du Laboratoire de Physique Nucléaire et des Hautes Energies (LPNHE) sur le campus de Jussieu, à Paris, il est commandé par un logiciel développé par une équipe du laboratoire AstroParticule et Cosmologie (APC), également à Paris, et a été testé sur un banc de montage du Laboratoire de Physique de Clermont-Ferrand (LPC).
Intégré à la caméra LSST qui, avec ses 189 capteurs CCD sera alors la plus grande caméra numérique du monde, le changeur de filtres permettra de photographier le ciel au travers de six filtres de couleur et ainsi déterminer la distance des objets célestes. Cinq filtres (pesant chacun environ 35 kg et d’un diamètre de 70 cm) seront installés en permanence sur le changeur de filtres : le système viendra positionner n’importe lequel d’entre eux en moins d’une minute trente devant le capteur de la caméra, avec une précision de l’ordre du micron, tout en gardant les quatre autres hors du faisceau du télescope. Un sixième filtre sera lui stocké sur un chargeur spécifique en-dehors de la caméra. Répondant à un cahier des charges très précis, le changeur de filtres a été conçu en respectant un encombrement minimum dû au faible espace disponible autour de la caméra et en assurant une stabilité dans le temps, la maintenance étant limitée à deux semaines tous les deux ans. Pari tenu puisqu’assemblé à Paris à l’automne 2019, il a été transféré dans le hall de montage du SLAC National Laboratory en Californie pour y être intégré à la caméra LSST. Le tout sera envoyé en 2023 à l’Observatoire Rubin, au Chili.
Le cristal collectif CNRS distingue « des équipes de femmes et d’hommes, personnels d’appui à la recherche, ayant mené des projets dont la maîtrise technique, la dimension collective, les applications, l’innovation et le rayonnement sont particulièrement remarquables ». Au vu de la complexité du système mécanique, de la collaboration d’équipes issues de laboratoires dispersés sur tout le territoire et de l’objectif scientifique du projet, il était donc logique qu’un Cristal collectif CNRS vienne récompenser un travail qui a débuté il y a plus de dix ans maintenant. Une cérémonie à suivre sur https://www.paris-centre.cnrs.fr/fr/evenement/ceremonie-des-talents-cnrs-2021.
Pour en savoir plus sur cette prouesse technique collective, voir sur Twitter :
Les lauréats :
- Patrick Breugnon, ingénieur en conception et développement de système électronique et d’instrumentation – Centre de physique des particules de Marseille (CPPM) – Délégation Provence et Corse – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Véronique Criart, suivi des achats mission et transport – Laboratoire de physique nucléaire et de hautes énergies (LPNHE) – Délégation Paris-Centre – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Hervé Croizet, ingénieur en développement électrotechnique et automatisme- Laboratoire de physique – Clermont (LPC) – Délégation Rhône Auvergne – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Guillaume Daubard, ingénieur Système, Responsable de service mécanique – Laboratoire de physique nucléaire et de hautes énergies (LPNHE) – Délégation Paris-Centre – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Fabrice Gallo, assistant Ingénieur – Construction mécanique, Métrologie et Intégration – Centre de physique des particules de Marseille (CPPM) – Délégation Provence et Corse – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Claire Juramy, experte en développement d’expérimentation – Laboratoire de physique nucléaire et de hautes énergies (LPNHE) – Délégation Paris-Centre – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Pierre Karst, chef de projet technique du changeur de filtres – Centre de physique des particules de Marseille (CPPM) – Délégation Provence et Corse – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Éric Lagorio, ingénieur conception électronique – Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie (LPSC) – Délégation Alpes – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Didier Laporte, chef de projet, expert en conception mécanique – Laboratoire de physique nucléaire et de hautes énergies (LPNHE) – Délégation Paris-Centre – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Aurélien Marini, chef de projet – Centre de physique des particules de Marseille (CPPM) – Délégation Provence et Corse – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Francis Vezzu, chef de projet, expert en conception mécanique – Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie (LPSC) – Délégation Alpes – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)
- Françoise Virieux, responsable développement, déploiement et qualification du contrôle commande du changeur de filtres (ou d’instruments innovants) – Astroparticule et cosmologie (APC) – Délégation Paris-Centre – Institut national de physique nucléaire et de physique des particules (IN2P3)